Ce fort cours d’eau a beau se jeter continûment dans la mer Cantabrique, lorsque elle est trop puissante cette mer remonte le cours du fleuve, s’oppose à lui et l’envahit, l’eau douce étouffe devant tant de sel belliqueux. Puis ses vagues à contre-courant, s’écrasant d’abord contre les piles du pont de la Zurriola et du pont Santa Catalina, s’apaisent ensuite au-delà du pont Maria Cristina. Elles n’en continuent pas moins à secouer le fleuve qu’elles agitent plus en profondeur, font onduler comme des mouvements péristaltiques un ventre jusqu’au pont de Mundaiz et même sans doute encore en amont.
Ils s’arrêtèrent au milieu du pont et, comme ils contemplaient un moment la guerre livrée sous eux entre insipide et salé, comme Delahaye se souvenait fugitivement qu’il n’avait jamais appris à nager, une idée traversa l’esprit de Ferrer.